Réduire la place de la voiture en ville est-il aussi impopulaire qu'on le pense ?
Piétonisation de l'espace public, limitation de vitesse à 30 km/h en ville, zones à faibles émissions , politiques de stationnement plus ou moins
restrictives… les mesures visant à encadrer l'utilisation de la voiture sont à l'ordre du jour, tant dans les politiques locales que dans le débat médiatique.
Celles-ci répondent à différents objectifs politiques et sociaux : transition écologique, du cadre de vie, santé publique … Aujourd'hui, le
défi n'est plus de convaincre les citoyens des raisons pour lesquelles nous devrions réduire la place de la voiture en ville, mais de savoir comment s'y
prendre. Ou bien souvent, la crainte de mouvements de protestation très vifs tétanise les élus et se traduit par un recul sur la mise en place de telles
mesures ou une diminution de leur niveau d’ambition. Déjà en 1999, un sondage avait comparé l'opinion des citoyens avec celle des maires sur les
enjeux de mobilité.
À la question « à votre avis, faut-il limiter l'usage de la voiture, afin d'améliorer la circulation en ville ? », les maires et citoyens
urbains présentaient la même propension à vouloir limiter la place de la voiture en ville (respectivement 68 % et 72 %). Cependant, les maires
prêtaient à leurs administrés une opinion plus nuancée, voire défavorable sur ce sujet puisqu'ils estimaient que seuls 27 % d'entre eux y étaient
favorables… Un résultat qui pointait déjà le décalage entre l'opinion réelle des citoyens et celle perçue par les maires, et venait remettre en cause
l'idée reçue selon laquelle de telles mesures sont essentiellement impopulaires. 25 ans plus tard, les projets d'encadrement, voire de réduction, de la
place de voiture en ville restent-ils une épine dans le pied de nos élus ? C'est la question à laquelle a voulu répondre à l'étude sur l' « Acceptabilité des
mesures de réduction de la place de la voiture » réalisée par le 6t-bureau de recherche, pour l’ADEME.
Une opinion publique globalement favorable !!!
Sur les huit dernières années, 12 sondages ont été menés sur ces questions, sur des échantillons de plus de 1000 personnes représentatifs
de la population ciblée (méthode des quotas), dont les résultats et la méthodologie sont en accès libre. Ces sondages montrent que les avis sont
majoritairement en faveur de la plupart des mesures proposées, mais que l'adhésion dépend surtout de la nature de celles-ci Si la piétonnisation est
systématiquement plébiscitée (de 55 % à 79 % en fonction des sondages), les ZFE ou la réduction de la vitesse suscitent des réactions plus nuancées
(de 35 % à 66 % d'adhésion). Quant à la réduction du stationnement, elle reste la seule mesure à être encore rejetée (23 à 31 % d’adhésion).
Plusieurs référendums locaux ont été menés ces dernières années et montrent des résultats similaires à ceux des sondages : 67 % des habitants du Kremlin-
Bicêtre se sont exprimés pour le 30 km/h en ville en 2022, Ils étaient 69 % à La Courneuve en 2021, De même, Charleville-Mézières a impliqué sa
population en 2021 sur un nouveau « schéma des mobilités », comprenant des mesures fortes telles que le 30 km/h, la création de nombreuses pistes
cyclables, ou encore une plus forte régulation du stationnement : la population a voté « oui » à 56 %.
Ces différentes sources montrent que les mesures de réduction de la place de la voiture en ville sont généralement bien accueillis par les populations locales.